De l’Essence du Christianisme – Rudolf Steiner

Un fait capital nous explique ce qui dut se passer dans l’âme des premiers confesseurs du christianisme et les impressionner profondément.

Les initiés antiques, eux aussi, avaient connu le Dieu, la Parole, le Logos éternel, mais il ne leur était apparu qu’en esprit dans les ténèbres mystérieuses du sanctuaire. Par contre, quand les chrétiens parlaient du Logos, ils ne pensaient qu’à son incarnation humaine.

Avant cela, on n’avait aperçu le Logos, en sa manifestation terrestre, que par les divers degrés de la perfection dans l’homme. On avait observé les différences délicates et intimes de la vie spirituelle dans les personnalités les plus diverses. On y pouvait voir de quelle manière et jusqu’à quel degré le Logos devenait vivant dans les personnalités qui cherchaient l’initiation.

Un degré plus élevé de l’initiation signifiait un degré plus élevé de la vie spirituelle. On en cherchait les débuts dans une vie antérieure, et l’on considérait la vie présente comme un stage préparatoire des degrés supérieurs de la vie future.

Tous les vrais initiés avaient affirmé la conservation de la force spirituelle de l’âme et de l’éternité de cette force dans le sens de la doctrine secrète des juifs (livre du Zohar).

« Rien ne se perd dans le monde, rien ne tombe dans le vide, pas même la parole et la voix des hommes ; tout a sa place et sa destination. »

La personnalité n’était qu’une métamorphose de l’âme se développant de personnalité en personnalité. Une vie de la personnalité humaine n’était que l’anneau d’une immense chaîne qui allait en arrière et en avant. Ce Logos en évolution incessante en des millions de personnalités humaines a été détourné et concentré par la conception chrétienne sur l’Unique personnalité de Jésus.

La force divine éparse dans le monde entier fut ramassée en un seul.

Aux yeux de cette conception, Jésus est le seul homme devenu Dieu.

Il a pris sur lui la divinisation de toute l’humanité.

On chercha en lui ce que précédemment on avait cherché dans sa propre âme. On arracha à la personnalité humaine ce que jusqu’à ce jour elle avait trouvé en elle-même de Divin pour le personnifier en Jésus.

Ce n’est pas le principe éternel de l’âme qui triomphe de la mort et s’éveille en la Psyché divine par sa propre force ; c’est Jésus, le Dieu unique, qui apparaîtra et réveillera les âmes des morts au Jugement Dernier.

Il s’en suivit qu’on donnât un tout autre sens à la personnalité humaine (début de l’inflation de l’Ego, réaction en opposé polaire à l’impulsion Christique, qui reflète sa puissance en négatif)

On lui avait pris son double divin, son noyau éternel, son immortelle essence. Il n’en restait que la personnalité humaine. Au risque de nier l’Éternité, il fallait accorder l’immortalité à cette personnalité terrestre. Ainsi la foi en la métamorphose éternelle de l’âme fut remplacée par la loi en l’immortalité personnelle.
(Dont le parachèvement moderne sera réalisé avec la réalisation de l’immortalité du corps biologique seul à l’aide d’outils matériels. Et cela sera à mon avis concomitant à la réalisation simultanée pour un grand nombre de l’immortalité du corps par voie de regénération hermétique/alchimique/science rosicrucienne/grabovoï : l’esprit s’incarnant dans la matière, il la spiritualise et son corps physique devient son corps de gloire)

Suite : http://anthroposophie.doc.pagesperso-orange.fr/pdf/Myst_Chr_Myst_Anti_RS_ES_1906.pdf

 

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