La boucle est goûtée

« Be definite in everything you do and never leave unfinished thoughts in the mind. Form the habit of reaching definite decisions on all subjects. » – The Devil (Outwitting the Devil, Napoleon Hill)

La gravité. Cette force qui attire immanquablement tout corps qui se laisse entraîné par elle. Elle régit tout le cosmos. Chacun d’entre nous applique, pour échapper à son pouvoir, la volonté : la capacité de bouger notre corps nous permet de surmonter la force gravitationnelle. La maîtrise du corps se fait lors des premières années de la vie. Le bébé rampe, le corps se tonifie et il apprends petit à petit à marcher en se construisant les muscles et l’agilité nécessaires à porter son propre poids. Au début, c’est un travail rempli d’essai et d’erreur, d’encouragement et d’efforts conscients, et aussi une connaissance profonde du fait qu’il parviendra à se mettre debout, comme les autres humains, car il les voit marcher, et ils l’encouragent à s’élever !

Maintenant, appliquons cette force gravitationnelle à notre univers mental. En effet, lorsque nous ne pensons pas à travers notre propre volonté, les pensées deviennent automatiques. Elles dérivent.

Nous sommes alors dans un état hypnotique, un état de transe où notre présence est réduite à un observateur passif (ou plutôt un acteur passif puisqu’on s’y identifie) de pensées créées automatiquement, en grande partie répétitives. Les états de non-pensée ou de pensée créatrice sont rares, et s’accompagnent d’une élévation de la présence notable qui donne à ces moments une saveur particulière, empreinte de couleurs, de sons, de sensations. Comme si l’on était plus vivants à ce moment là que d’habitude.

Et on ne pense pas forcément que ces moments là pourraient devenir une habitude, permanente, consciente. Comme si parfois, en étant un enfant qui ne savait pas marcher, on arrivait à se déplacer sur nos deux jambes quelques instants puis nous retombions sans avoir compris comment nous avions fait, et donc sans savoir comment réessayer à marcher. Et puisque autour de nous ne se trouvent que des enfants qui ne savent pas marcher non plus et qui essayent chacun de leur côté de comprendre comme faire pour, on est mal barrés.. ! Seuls certains ont réussi à se mettre debout et ils aident ensuite tous les autres à s’aider. Napoleon Hill en fait partie, comme des dizaines de milliers d’autres, qui ont aidé et continueront d’aider les milliards d’âmes à s’éveiller à leur essence profonde.

L’état hypnotique dans lequel nous nous plongeons s’assimile à se laisser entraîner par la gravité. Nous avons des schémas de pensées qui, une fois immiscés dans notre esprit, creusent celui-ci à force d’être rappelés inconsciemment et chargés d’émotions comme une rivière creuse son lit en le façonnant selon la nature du terrain et la force gravitationnelle. La force du courant dépend de la puissance du schéma de pensée et d’action inculqué, et son expansion dépend de la répétition dans le temps, qui creuse. Et tout cela n’est possible que par notre intangibilité de conscience. La solidité de notre présence est fissurée, on ne sait pas garder l’équilibre sur nos deux jambes très longtemps, nous n’avons pas développé une agilité mentale suffisante pour garder le contrôle lors de nos mouvements dans ces sphères face à la force gravitationnelle.

Ces schémas automatiques sont ensuite incorporés, intériorisés dans l’inconscient, adoptés donc comme habitude et rejoués quotidiennement. C’est là le pouvoir de la gravité dans le cas des pensées. Du rythme hypnotique. Tout comme si nous ne bougeons pas notre corps volontairement, notre inertie nous colle au sol et nous prive de toutes nos capacités humaines ainsi que nous condamne à la mort puisque nous ne subvenons pas à nos besoins physique.

De la même manière, si l’on manque d’user de sa volonté pour contrôler son esprit et être le capitaine de son bateau dans la vie, alors avec une certitude mathématique de l’ordre d’une loi gravitationnelle, l’esprit perd de son autonomie et devient comme un automate dont les programmes viennent de l’extérieur, écris dans une structure rigide, façonnée inconsciemment. Et pour sûr, il manquera de subvenir aux besoins de son âme et son expérience de vie aura un goût si fade que cela serait comparable à celui qui néglige de bouger son corps physique.

Ensuite, il s’avère que la goutte (le LSD) fait des boucles. En réalité, la goutte accentue la boucle, et la rend extrêmement perceptible. La boucle, c’est un schéma de pensée qui se répète. Un doute, un ressenti toujours bloqué dans le corps, un souvenir qui n’est pas bien passé et qui se rejoue, une réflexion philosophique qui ne trouve pas de finalité… toute opération mentale ou émotionnelle ou physique non terminée est une boucle vouée à se répéter. Et les boucles ne se répètent pas de façon seulement mentale. Les situations de notre vie sont cycliques et karmiques, ce sont des boucles, ou des spirales, qui mettent sur nos chemins les mêmes épreuves à différents moments de notre vie. L’unité symbolique de l’univers est une synchronicité permanente en quête d’équilibre énergétique mental, émotionnel, physique, spirituel, pour atteindre une harmonie intégrative. Il semble que tout ceci soit une des fondation de la psyché humaine, et donc de l’univers lui-même.

J’assimile une boucle à une équation non résolue. Nous avons tous un nombre incalculable de pensées, émotions, souvenirs, ressentis qui sont interprétés à la fois consciemment et inconsciemment, qui ont été vécus et qui ont façonné notre être. Cette toile idéelle, émotionnelle, cette saveur particulière est un ensemble équilibré en homéostasie permanente. Si l’on change une variable, d’autres variables changent, et l’équation de l’ensemble se transforme aussi. Par exemple, si je guéris à l’intérieur de moi même une longue croyance négative (self-limiting belief), cela donne lieu à un effet papillon sur un ensemble d’autres croyances. De la même manière, si je commence à adopter des habitudes négatives, un ensemble d’autres habitudes peuvent s’accumuler très vite, s’infiltrant dans la psyché à travers la brèche créée par ce premier pas dans cette direction, cette première pierre à l’édifice. L’énergie déployée pour commencer quelque chose nous entraîne à continuer plus facilement cette chose la prochaine fois, inconsciemment.

Il y a là deux forces qui se dessinent : la dérive et la navigation. La dérive se compose de pattern automatiques, la force gravitationnelle prenant le pas sur la direction de la volonté, des vouloirs et de l’agir, des pensées de l’individu. Se rejouent alors des schémas répétitifs, une personnalité qui n’évolue que peu, une passivité ambiante. A l’inverse, naviguer c’est décider quoi, comment, pourquoi, et quand. Et c’est aussi être ouvert à tout ce que la vie peut envoyer sur son chemin, et y répondre pleinement dans toute la force de son être. C’est un changement permanent, une instabilité créatrice, un cheminement de pensée qui conclut chacune des boucles lancées, une honnêteté et une appréciation de la vie décuplée, une foi en celle-ci inébranlable, et donc les myriades de bénéfices impliqués.

En bref, des super pouvoirs par rapport à la norme sociétale de ramper à quatre pattes.

INTENT AND FREEDOM FROM OUTCOME

Le détachement. L’acceptation de ce qui est. La satisfaction de ce que l’on a déjà. Paradoxalement, savoir en même temps être concentré, sans relâche, sur ce que l’on veut accomplir qui n’est pas encore présent, en jouissant déjà de sa présence future pendant le processus de sa réalisation. Avoir la foi. C’est seulement en étant détaché que l’on peut se donner à 100%. Si l’on est pas détaché, il y a la peur. Et la peur, ça coupe le flow. À moins qu’on l’accepte pleinement, et dans ce cas, on passe au dessus de la polarisation qu’elle amène, et l’action est donc dirigée à travers la foi.

La peur est omniprésente. Les boucles non terminées sont très nombreuses dans notre toile, et la peur repose sur cette faille. Notre corps de douleur (pain body) est comme du mycélium répandu en nous, se nourrissant d’un ensemble d’émotions et pensées enfouies et générés par des comportements spécifiques, indépendamment de notre perception consciente. Nous n’avons pas facilement accès à tout ce qui compose nos peurs, notre tristesse, notre colère et notre haine. Tous ces ressentis, nous n’avons aucune idée de comment les purger. Alors ils restent. Et s’ajoutent à eux toutes nos habitudes néfastes, celles qui nous séparent du Tout et nous privent de notre liberté de conscience.

C’est pourtant notre plus précieux cadeau de la Création. Notre conscience individualisée. C’est une lutte permanente que nous menons quotidiennement pour ne pas sombrer dans le chaos de la dérive. Et c’est une lutte inconsciente, presque perdue d’avance pour un grand nombre, car nous n’avons jamais rien vécu d’autre. C’est pourquoi il est important en cet âge nouveau de l’information qu’un grand nombre  d’individus ayant repris possession de leur liberté mentale se fassent connaître et incitent d’autres à les rejoindre dans ce nouveau monde. Car c’est littéralement une autre façon de percevoir son expérience sur terre. L’observateur façonne l’expérience par son observation, c’est une des règles du jeu. Et l’expérience est supérieure à l’agrégat de tous les observateurs. La réalité objective est supérieure à tous les points de vue uniques qui tendent vers elles.

La différence entre un état de rêve normal (peu, voir pas de souvenirs, inconscience pendant le rêve..) et un état de  rêve lucide total (mémoire parfaite du rêve, conscience parfaite dans le rêve…) est sur le même ordre d’échelle que la différence entre un état d’éveil normal (pensées automatiques, perception à travers une egostasie délaissée à l’inconscient) et un état d’éveil lucide (pensées créatrices, perception débridée laissant place à une clarté d’esprit faisant du moment présent une oeuvre d’Art en constante création, de laquelle nous faisons à la fois partie et que nous façonnons avec grâce, egostasie en harmonie avec l’unité de l’univers). Devenir lucide dans son rêve, c’est pénétrer l’inconscient avec le conscient. Devenir lucide dans le réel, c’est intégrer l’inconscient au conscient, son Corps à son Esprit, marier son pôle Féminin et Masculin, pour enfin ne plus être en conflit intérieur, en transe egostastique, et rendre notre expérience plus subtile.

C’est inscrit dans le blueprint de l’être humain, il n’est pas étonnant que depuis l’aube de l’humanité nous avons essayé de nous rendre plus conscients dans les rêves et le monde éveillé, notamment en bouffant des plantes étranges qui génèrent des états indicibles.

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